Article en ligne par Etan Vlessing
Une nouvelle enquête suggère que le mouvement #MeToo semble avoir eu peu d’impact sur les lieux de travail du cinéma, de la télévision et des arts du spectacle en Amérique latine.
Vendredi, un rapport du département Médias, divertissement et arts d’UNI Global Union et de la Fédération internationale des acteurs (FIA) a révélé que 89,4 % des personnes interrogées – représentant principalement des femmes et des travailleur·euses trans ou non binaires – ont déclaré avoir été victimes de violence ou de harcèlement dans leur environnement de travail. L’enquête, réalisée fin 2021 auprès de 1 423 travailleur·euses originaires pour la plupart du Mexique, du Brésil, de l’Argentine, du Chili, de la Colombie, du Pérou et de l’Uruguay, met en évidence une culture persistante de sexisme, de discrimination, de violence et de harcèlement dans les secteurs de l’écran et du spectacle vivant en Amérique latine.
"La violence contre les femmes et les professionnel·les trans et non binaires prend de nombreuses formes dans l’environnement de travail : harcèlement, harcèlement sexuel, ségrégation, discrimination salariale, restrictions à l’embauche, plafond de verre, pour n’en citer que quelques-unes. Nous avions besoin de toute urgence d’un diagnostic clair et précis afin de promouvoir et d’adopter des politiques spécifiques", a déclaré Alicia Dogliotti, présidente de SUA Uruguay et vice-présidente de la FIA, dans un communiqué.
Environ 81 % des femmes et 76 % des personnes trans et non binaires interrogées ont déclaré avoir fait l’expérience du "micromachismo", c’est-à-dire avoir eu le sentiment d’être diminuées, opprimées ou exclues par des supérieurs ou des collègues masculins. Et 37,4 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel au travail.
Le rapport ajoute que la lutte contre le harcèlement sexuel sur les lieux de travail du cinéma, de la télévision et du spectacle vivant est compliquée par l’absence de consensus en Amérique latine entre les différents pays sur sa reconnaissance juridique. Au Mexique, un peu plus de la moitié (54 %) des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail dans ces secteurs.
Les environnements de travail latino-américains sont encore loin de reconnâitre la violence ou le harcèlement au travail. En effet, l’omerta sur les cas de violence et harcèlement au travail règne encore puisque 70 % des personnes interrogées affirment qu’une dénonciation pourrait compromettre leur carrière.
"Il s’agit d’une enquête très importante qui concerne plusieurs pays d’Amérique latine et qui nous permettra d’acquérir les connaissances nécessaires pour comprendre et combattre la violence et le harcèlement au travail. Il existe en Amérique latine toute une culture machiste qu’il faut combattre. Identifier les formes de harcèlement est une façon de le faire", a ajouté Sonia Santana, présidente de Sindcine au Brésil et vice-présidente d’UNI Media, Entertainment & Arts Americas.
L’étude complète et les résultats sont disponibles sur le site de la FIA ici.