« Spotlight » est un nouveau projet de la FIA, une série d’interviews de nos membres pour vous aider à mieux les connaître. La quatrième personne à participer cette rubrique, postée simultanément sur notre site web et notre compte Instagram, est Alicia Dogliotti, l’une des Vice-présidentes de la Fédération.
Parlez-nous de vous ; Comment avez-vous commencé à vous impliquer dans votre syndicat ?
Je suis une actrice, une metteuse en scène et une dramaturge qui se consacre exclusivement au théâtre. Bien qu’il m’arrive de travailler dans l’audiovisuel, je préfère le spectacle vivant. Mon syndicat, le SUA, a été fondé en 1941 et est le seul à représenter les acteurs, les metteurs en scène, les dramaturges et les professions connexes en Uruguay. Il est membre fondateur de la seule centrale de travailleurs du pays, le PIT-CNT, et est membre de la FIA depuis les années 1950.
Je suis devenue un membre actif de SUA en 1995, après être rentrée dans mon pays après plusieurs années d’études et de travail à l’étranger. En l’espace d’un an, je me suis retrouvée secrétaire générale et j’ai participé activement à toutes les réunions de ce que nous appelions BLADA (Bloque Latinoamericano de Artistas), une organisation qui s’est ensuite transformée en FIA-LA. Pendant un certain temps, j’ai pris du recul par rapport à la direction du syndicat en raison de mes engagements politiques, reconnaissant qu’il n’était pas approprié d’assumer ces deux rôles simultanément. Une fois que je me suis désengagée de mes tâches politiques, j’ai été rappelée et ai été élue présidente à deux reprises (le mandat maximum autorisé par nos statuts).
Aujourd’hui, je reste active au sein de la commission sur le genre et je travaille sur toutes les questions internationales. À la FIA, je suis devenue vice-présidente sans m’en rendre compte – l’une des bonnes surprises de la vie, qui indique que vous avez dû faire quelque chose de bien ! Ma candidature a été soutenue par de nombreux pays dont les dirigeants me connaissaient moi, mon syndicat et mon pays. Ce grand vote de confiance m’enthousiasme chaque jour ; je le chéris et j’espère ne décevoir personne.
La FIA est un espace où les perspectives de genre, latino-américanistes et décoloniales que je m’efforce d’apporter à chaque action ou réaction sont respectées. La FIA, son Présidium et son Comité exécutif sont des lieux de débat sérieux et respectueux, où les différentes perspectives sont comprises et, dans la plupart des cas, acceptées.
Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce métier ? ; Parlez-nous d’un film ou d’un spectacle qui a changé votre vie.
Mon premier souvenir en tant qu’actrice a été d’apprendre à m’évanouir à l’âge de trois ans, un tour que je faisais à chaque réunion de famille ou d’amis. J’ai abandonné cette pratique jusqu’à ce que, alitée à cause d’une rare infection rénale, ma mère (épuisant toutes ses ressources) me récite Federico García Lorca. Ainsi, avant de pouvoir écrire « Maman m’aime », je pouvais réciter avec grâce et accent le « Prendimiento de Antoñito el Camborio ». En peu de temps, je suis devenue une spectatrice de théâtre pour adultes, avec ma mère ou mes professeurs de littérature au lycée. Le théâtre était la voix de ceux qui luttaient contre les gouvernements oppressifs, c’était le lieu des émotions où je pouvais échanger un regard avec quelqu’un sur scène. Cette communication unique m’a fait tomber amoureuse. En Uruguay, le théâtre indépendant est très fort et possède des références significatives. Dans les années 70, avant la dictature, était produit des enregistrements de pièces. Lorsque j’avais 10 ans, ma mère m’a offert l’enregistrement de « Libertad, Libertad », une pièce d’un auteur brésilien, produite par le Teatro El Galpón de Montevideo. Aujourd’hui encore, je peux la réciter sans en oublier une seule virgule. Il y avait de tout : des rires, des larmes, des poèmes et des chansons, mais surtout une lutte et un dialogue avec le public. Les années ont passé, El Galpón était en exil au Mexique, et l’école d’art dramatique avait été fermée par la dictature. Je me suis donc inscrite à l’école vétérinaire, pour cinq ans ! Le retour de la démocratie m’a redonné espoir (et raison !), et la première chose que j’ai faite en tant que femme libérée de la dictature a été de m’inscrire à l’examen d’entrée à l’école d’art dramatique. Depuis, je vis pour le théâtre.
Quels sont vos rêves et espoirs pour les artistes-interprètes dans le monde ?
Que nous soyons reconnus en tant que travailleurs, que nous recevions un salaire équitable et que nous travaillions dans des conditions optimales. Que chacun ait le droit d’accéder à l’éducation et à la formation sans entraves. Que les arts fassent partie intégrante de l’éducation. Que l’accès et la jouissance de la culture soient reconnus comme un droit de l’homme et que les États prennent la responsabilité de le protéger en tant que tel. Que notre fédération devienne un réseau si fort qu’il soutienne tous les artistes dans tous les parties du monde.
Quelle est votre priorité en tant que Vice-présidente de la FIA ?
Renforcer les liens internationaux à travers le monde ; veiller à ce que les syndicats d’Amérique latine deviennent encore plus proches et développent des structures syndicales locales plus fortes. Accroître la visibilité de la FIA au-delà des sites d’action et de référence, afin qu’elle ait une présence locale plus visible et donc plus efficace.
Donnez-nous un exemple de la façon dont le travail de la FIA a amélioré les conditions de travail des artistes-interprètes dans votre pays.
Chaque recommandation ou action internationale qui fait l’objet d’un accord a conduit à des transformations locales. Les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs sont les mêmes partout dans le monde, et ce sont des sujets dynamiques. La FIA nous aide à maintenir une position importante dans ces dynamiques.
Dans notre cas, le soutien de la FIA aux droits des artistes-interprètes a été crucial pour faire de cette question une priorité dans un pays où la production audiovisuelle est limitée. Aujourd’hui, cette industrie s’est développée, mais elle a trouvé des artistes alertes et informés.
La première réunion des femmes artistes et syndicalistes, qui s’est tenue en 2001 à La Havane, a ouvert la porte à nos préoccupations concernant la participation et la discrimination dans nos secteurs. Depuis lors, le syndicat, d’une manière ou d’une autre, n’a jamais cessé de travailler sur les questions de diversité.
Si vous deviez décrire la FIA en un mot, quel serait-il ?
Solidarité.