Rapport de la réunion de l’EuroFIA à Tel Aviv, 20-21 novembre 2019

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La réunion de novembre de l’EuroFIA à Tel Aviv était accueillie par le syndicat israélien des acteurs, Shaham. La présidente de Shaham, Esti Zakhaim, a ouvert la rencontre par un accueil chaleureux. C’était l’occasion de présenter une série de nouvelles mesures législatives et politiques pour soutenir les vies professionnelles des artistes-interprètes dans le pays. Ces mesures comprennent l’intégration récente de meilleures protections du travail dans le financement public de la culture. Shaham a réussi à promouvoir des incitations financières pour les théâtres employant des artistes-interprètes comme employés. A partir de 2020, lors de la dernière étape d’attribution des financements, si un théâtre emploie 90% de ses artistes-interprètes comme employés, il obtiendra 10% de points supplémentaires, signifiant en pratique 10% de budget additionnel.  Cette mesure a déjà pour effet d’améliorer les conditions d’emploi dans les théâtres.

Une autre initiative inspirante est le programme de Shaham pour le développement des compétences qui a pour but d’aider les acteurs dans la conversion de leurs compétences artistiques en sources de revenus autonomes. Le groupe était heureux d’accueillir le directeur du programme, lui-même un acteur, Yoram Hattab, qui a donné un atelier au groupe EuroFIA, soulignant les principaux éléments du programme et ce qu’il signifie en pratique pour les artistes-interprètes qui décident de le suivre. Yoram a démontré certaines de ses approches avec des exemples réels et a fait un jeu de rôle avec le groupe. Shaham a également offert une présentation inspirante du travail mené par le syndicat dans la lutte contre le harcèlement sexuel dans le secteur. Ori Reshtik, directeur de Shaham, a présenté le Manifeste pour les théâtres et les écoles et l’Accord spécial avec les conservatoires. Ce travail a été mené par le département légal de Shaham, avec le soutien du cabinet juridique Liat Behar Cohen et le centre d’aide aux victimes de viol en Israël. Il a abouti au Manifeste, lequel contient des normes précises en ce qui concerne les auditions, les cours de comédie, exercices et relations entre professeurs et élèves et la responsabilité du professeur dans ce contexte. Une version anglaise a été partagée avec les délégués. Les écoles d’arts dramatiques ont coopéré et une en particulier, initialement parmi les plus sceptiques, a fini par signer un accord spécial avec Shaham établissant ses propres normes plus strictes en matière de harcèlement sexuel.

Une partie de la réunion était également dédiée à une revue et une discussion sur les développements politiques pertinents et les travaux en cours depuis la dernière réunion. Le Secrétariat a fait une mise à jour quant aux projets en cours, aux niveaux européen et international. Le groupe s’est également intéressé aux questions de propriété intellectuelle, notamment au travail entrepris avec la FIM et AEPO-ARTIS (suite à la campagne « Fair Internet ») pour parvenir à des conseils et une analyse conjointe à l’usage des membres dans le contexte de la mise en œuvre de la Directive européenne sur le droit d’auteur. FIA est impliquée dans le processus de consultation des parties prenantes européennes quant à la mise en œuvre de l’Article 17 dans le secteur de l’audiovisuel. Le Secrétariat a également souligné l’importance de la consultation européenne – prolongée jusqu’à fin 2019 – sur l’extension de la durée de protection dans le secteur audiovisuel, qui rendrait possible l’alignement sur la durée de protection des performances audiovisuelles sur la durée précédemment étendue des enregistrements sonores.

La réunion comprenait un panel de discussion mémorable sur l’épineuse question du respect de la liberté artitique dans un contexte politique instable, déchiré par des positions profondément opposées. La diversité culturelle peut-elle toujours prospérer malgré une division sociétale et peut être même être un pont ? Le panel était présidé par Maureen Beattie, présidente d’Equity UK, avec les contributions de Hisham Sulliman, un acteur israélien ; Said Abu Shakra, directeur de la galerie Umm El Fahem et Yigal Azarat, directeur artistique du théâtre Jaffa. Ces trois figures exceptionnelles de la culture arabe en Israël ont décrit leurs vies, leurs travaux artistiques et la signification de celui-ci dans le contexte actuel israélien. Hisham Sulliman a parlé de sa carrière et de son travail dans le théâtre fringe à Nazareth dans le nord. Il a souligné qu’en tant qu’arabe en Israël avec l’ambition de devenir acteur, il n’y avait pas de chemin déjà tracé à suivre. Finalement, il a rejoint Tel Aviv et a été exposé pour la première fois à la culture hébraïque. Pour réussir, il a eu besoin d’apprendre l’hébreu et d’acquérir les codes de la culture.  Hisham a ensuite senti que son rôle était de retourner à Nazareth, d’ouvrir un espace culturel là-bas et de développer des projets communautaires qui construisent et estiment l’identité et donnent aux gens un sentiment d’inclusion.  Il en a résulté le projet CultureLab à Nazareth. Il a également ouvert une branche de l’école d’arts dramatiques Yoram Loewenstein à Nazareth.

Said Abu Shakra a ouvert sa galerie d’art il y a 25 ans : la première et alors seule galerie d’art arabe en Israël. La culture arabe reste sous-financée – seul 3% du budget de la culture. Il a ressenti le besoin d’ouvrir une porte et d’occuper l’espace, comme rien n’allait être accompli en restant passif et accusateur. La galerie a une archive d’histoire orale et a capturé l’histoire des ainés. Elle contient plus de 600 interviews et bien que 90% des interviewés soient décédé, l’histoire est sauvée pour la nouvelle génération. La galerie est une plateforme pour le dialogue, dans les conditions fixées par sa narration.

Yigal Azarati a décrit Jaffa, quartier de Tel Aviv, et la constante interaction des identités qui le définit. La culture doit être un lieu de rencontre pour les deux communautés pour favoriser la compréhension. Il a souligné que le projet Galandia du théâtre Jaffa sur un poste de contrôle entre deux villages, avec des acteurs juifs et arabes jouant tous les personnages et alternant entre les rôles, force à entrer dans une communauté et une façon de penser différente en se mettant dans leur place. C’est là le pouvoir du théâtre, pour les acteurs et pour le public. Le théâtre cherche à mettre en avant la beauté de la culture et à l’amener à un public plus large pour qu’il puisse être un lieu de rencontre.

Le groupe EuroFIA a unanimement adopté une Résolution sur l’engagement en faveur des artistes palestiniens et le soutient à la liberté d’expression artistique.

La prochaine réunion de l’EuroFIA aura lieu à Istanbul, Turquie, des 2 au 4 avril. Elle sera accueillie par AUT et CASOD.

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