Les représentants des travailleurs et des employeurs se sont confrontés dès le début en exprimant très clairement leurs positions respectives lors du Forum de Dialogue Mondial sur les Relations d’Emploi de l’OIT (Organisation Internationale du Travail). Cette consultation tripartite, qui s’est tenue à Genève les 14 et 15 Mai 2014, et qui se concentre sur un secteur réclamant davantage de flexibilité et faisant appel à des arrangements de travail atypiques dans un contexte industriel en constante évolution, est une première en 10 ans. Alors même que les évolutions technologiques ont crée de nouvelles opportunités d’emploi, elles ont aussi généré de nouveaux défis en termes de «business model» ainsi que de qualifications et de rémunération des travailleurs. Les coupes budgétaires généralisées au niveau des dépenses publiques, la baisse des revenus générés par la publicité ainsi que la piraterie sont autant d’éléments ayant contribué à une remise en cause du salariat, alimentant l’émergence de statuts divers et variés qui, trop souvent, ne permettent pas à ces travailleurs de bénéficier de protection sociale satisfaisante.
Si le travail salarié représente encore une part importante de l’emploi dans le secteur, notamment dans les grandes structures telles que les diffuseurs et les grandes institutions culturelles, un nombre croissant d’opérateurs du secteur se tournent vers des relations de travail plus atypiques. Le nombre de free-lance, travailleurs indépendants, contractuels, travailleurs par intérim ou avec portage salarial, etc. dans notre secteur est en augmentation constante depuis 10 ans. Alors que la prestation en soi est souvent identique à celle effectuée par un salarié et que la relation de dépendance et de subordination sont la plupart du temps, clairement établies, les syndicats se heurtent à l’impossibilité de représenter et de négocier efficacement pour ces travailleurs.
La promotion du salariat en tant que norme générale, en vue de sa transparence et de la sécurité et de la stabilité qu’il apporte à la relation de travail, doit rester un engagement syndical fondamental. Toutefois, la représentation syndicale de tous ceux dans notre secteur ne bénéficiant pas de cette relation de travail reste un défi important, pour qu’ils puissent aussi bénéficier de droits sociaux appropriés.
Une application excessivement stricte des lois de la concurrence, visant à lutter contre les cartels, a également résulté en l’exclusion de certains travailleurs ayant un statut d’indépendant du cadre de la négociation collective. Voilà qui constitue un sujet d’inquiétude croissant en ce qu’il freine la capacité des syndicats à représenter certains travailleurs de la culture et des médias et de ce fait, affaiblit également les minimas qu’ils parviennent à négocier au bénéfice des travailleurs employés.
La délégation de la FIA, constituée de 14 personnes, a participé au Forum aux côtés des fédérations sœurs – la FIM, UNI MEI et l’IFJ – avec l’intention d’entamer une démarche structurée pouvant conduire à des solutions concrètes pour faire face à ces problèmes.
« La nature du travail est fondamentalement atypique – et de nombreux travailleurs veulent caractériser la relation de travail différemment … le travail indépendant ne répond pas à la logique de négociation collective et dans ce cas, de nouvelles formes de dialogue devraient être envisagées» a déclaré Linda Facchin, Directrice Exécutive de Radio Canada et porte parole des employeurs.
« Clamer que la seule forme de négociation collective valable est celle entre employeurs et employés traditionnels est une erreur. Rien n’est plus éloigné de la réalité actuelle dans le secteur de la culture et des medias. Tous les travailleurs en relation de dépendance, indépendamment de leurs conditions contractuelles, devraient avoir accès à une protection et aux droits sociaux fondamentaux. De nombreux employeurs acceptent déjà le dialogue social avec des travailleur indépendants dans notre secteur, en reconnaissance du rôle créatif qu’ils jouent dans l’Industrie » a déclaré Chris Warren, Secrétaire Fédéral du Syndicat des travailleurs des médias, des arts et du spectacle (MEEAA) en Australie et porte parole des travailleurs.
A la suite d’intenses négociations, les parties se sont accordées sur des points de consensus reconnaissant que les principes et les droits du travail fondamentaux s’appliquent à tous les travailleurs du secteur de la culture et des médias, indépendamment de la nature de la relation d’emploi dans laquelle ils se trouvent. Le document appelle également à une meilleure compréhension des différentes typologies de la relation d’emploi et formes d’engagement variées dans le secteur. Il appelle enfin les gouvernements à s’assurer que la législation en matière de concurrence n’obstrue pas le droit des travailleurs du secteur de la culture et des medias à la liberté d’association et à prendre part au dialogue social avec leurs partenaires sociaux. La délégation des travailleurs a également réussi à inclure plusieurs références au respect et à la promotion de la diversité et l’égalité des chances. Les recommandations pour les actions à venir, comprenant également un code de bonnes pratiques sur la protection des mineurs travaillant dans les secteurs de la culture et des medias, seront soumises pour examen à la 322e session du Conseil d’administration de l’OIT en novembre 2014.
Retrouvez les documents et informations en lien avec le Forum site le Site Web de l’OIT