Pour la toute première fois depuis sa création en 1952, le Congrès mondial de la FIA se célèbrera dans un environnement purement virtuel. Cette initiative inouïe a été rendue nécessaire par la pandémie de Covid-19, qui ne cesse de malmener nos sociétés et d’entraver la poursuite de nos activités dans le monde réel. Cette émergence sanitaire planétaire, qui a déjà causé plus d’un million de victimes, fait état aujourd’hui d’une recrudescence qui rend hautement incertaine, voir improbable, la tenue d’un évènement international tel que le Congrès de la FIA et, ce, dans des conditions de sécurité acceptables.
La crise à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui n’a de pareil dans l’histoire moderne de l’après-guerre. Sous-produit aberrant de la mondialisation, elle se propage au fur et à la mesure des mouvements des personnes, biens et services qui relient aujourd’hui tout pays au reste de la planète – une symbiose étroite et étriquée, à la fois enrichissante mais également jonchée d’innombrables drames sociaux et humanitaires et d’inégalités qui ne cessent de s’accroitre. Ce sont ces inégalités qui risquent d’augmenter de façon exponentielle, alimentées par une stagnation de l’activité économique et le spectre d’une récession sans précédent qui s’annonce déjà et dont il est difficile, voir impossible, de prévoir la fin.
Avec le confinement, la distanciation sociale et d’autres mesures de sécurité adoptées dans l’urgence par la plupart des pays du monde, notre secteur a été l’un des premiers à être impacté. Il sera sans doute l’un des derniers à sortir de cette crise. Du jour au lendemain, c’est toute la production audiovisuelle qui s’est retrouvée à l’arrêt. Privé de son public, l’ensemble du spectacle vivant à du également fermer ses portes. Les conséquences pour les artistes-interprètes, déjà précarisés par les coupures budgétaires, l’intermittence de leurs métiers et, dans beaucoup de cas, l’absence d’un réel statut professionnel, ont été (et sont toujours) catastrophiques. Nombreux d’entre eux se sont retrouvés de but en blanc sans revenus, sans couverture sociale ni assurance chômage pour faire face à cet arrêt de travail forcé et prolongé. Les aides publiques pour soutenir le secteur culturel se sont démultipliées, mais peu d’entre-elles ont réellement pu soulager les artistes-interprètes dans leur détresse. Alors que le monde est confronté à une recrudescence du taux d’infections, la question de la durée de ces aides dans le temps commence également à se poser. Il est clair, en effet, qu’une fois l’urgence sanitaire passée – éventuellement avec la découverte et la production en masse d’un vaccin efficace – le secteur ne sera pas immédiatement sorti d’affaire et qu’il lui faudra encore beaucoup de temps pour se refaire une santé durable.
Nos syndicats continuent à mener un travail formidable, à la fois pour soutenir leurs membres dans la détresse et les aider dans leur quotidien, mais aussi pour solliciter des aides ciblées et une meilleure couverture sociale pour tous les artistes-interprètes, y compris tous ceux ne pouvant pas bénéficier des garanties d’un contrat de travail. Dans de nombreux cas, les syndicats de la FIA nous ont fait part d’une croissance importante de leur nombre d’adhérents mais également aussi du fait que leurs ressources financières, en grande partie issues des cotisations volontaires de leurs membres, ont atteint un seuil plus que critique. Ceux parmi eux pouvant employer du personnel, ont d’ailleurs dû se résigner à mettre une partie de leurs effectifs au chômage technique, voir à s’en séparer pour des raisons économiques.
Dans un tel scénario, il aurait été inconcevable pour la FIA d’organiser son Congrès comme d’habitude. D’une part, ceci aurait été fortement entravé par les limitations qui continuent à perturber les déplacements internationaux et des règles de distanciation, parfois même de nouveaux confinements, qui ne cessent d’évoluer et de changer d’un pays à l’autre – au grès de la crise sanitaire. Rassembler les membres de la FIA à un seul et unique endroit, tout en leur garantissant de pouvoir travailler en pleine sécurité pour rentrer chez eux sans encombre n’était malheureusement pas possible. Maintenir les coûts du Congrès de la FIA dans des limites acceptables aurait également été irréalisable et la présence du quorum statutaire n’aurait pas pu être garantie. De plus, il aurait été très difficile pour nos membres de s’absenter de leurs pays respectifs en pleine crise et d’envisager des frais pour l’action internationale à un moment même où une austérité absolue est de mise.
Pour toutes ces raisons, le Comité exécutif de la FIA avait initialement décidé de reporter la tenue du Congrès de notre fédération au mois de février 2021, pour ensuite annuler tous les arrangements en cours et opter, lors d’une réunion en mode virtuel les 27 et 28 octobre 2020, pour la tenue d’un Congrès pendant la semaine du 3 au 7 Mai 2021 en mode exclusivement virtuel.
C’est donc par voie informatique que les délégués de la FIA se réuniront prochainement, pour examiner le travail accompli depuis le dernier Congrès de notre fédération au Brésil en 2016 et pour définir et approuver le programme d’action pour les quatre ans à suivre. C’est également par voie électronique que se tiendront, à cette occasion, les élections pour renouveler les membres du Comité exécutif et du Présidium de la FIA.
Le Comité exécutif a constaté que les statuts de la FIA n’imposent pas la présence physique de ses membres au Congrès, et ne font pas obstacle à ce que tout vote éventuel, ainsi que le renouvellement de ses instances dirigeantes, se passent uniquement par voie informatique. Fort du pouvoir qui lui est conféré par nos statuts, le Comité exécutif de la FIA a donc interprété nos règles statutaires de façon à permettre officiellement la tenue d’un Congrès virtuel en 2021.
La Présidium et le secrétariat de la FIA travailleront d’arrache-pied dans les prochains mois pour que le Congrès virtuel de la FIA, en dépit de sa nature peu conviviale, soit une expérience réellement participative, inclusive et stimulante pour tous nos membres.