Freemuse, le réseau international qui défend la liberté d’expression artistique et la diversité culturelle, a récemment publié son premier rapport sur la façon dont les artistes du monde entier sont discriminés en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre, réelles ou perçues. Le rapport, qui est disponible ici, est un rappel effrayant du nombre d’artistes LGBTQI qui sont persécutés et empêchés d’exprimer librement leur talent, et de la part de cette intolérance qui se produit réellement à proximité, voire devant nos yeux. Le rapport a été publié en concomitance avec la Journée des droits de l’homme 2020 et lors d’une conférence virtuelle depuis la ville de Cracovie, en Pologne, un pays profondément confronté au nationalisme, à une croissante intolérance et au populisme. Il documente 149 violations des droits fondamentaux des artistes LGBTQI dans 39 pays sur une période de 18 mois et montre clairement que les abus et les violations des libertés artistiques se produisent dans toutes sortes de contextes nationaux. Alors que la démocratie est affaiblie par un populisme croissant dans le monde entier, ces comportements inacceptables se multiplient malheureusement et la répression, y compris sous les formes les plus subtiles, s’intensifie : des formes les plus sévères de répression, y compris l’emprisonnement et les châtiments corporels, aux formes plus pernicieuses de propagande, d’intimidation et de censure – le rapport Freemuse met en lumière la manière dont les expressions culturelles touchant aux questions LGBTIQ sont aujourd’hui de plus en plus attaquées par les autorités publiques, les groupes religieux et politiques ainsi que les mouvements extrémistes et des individus radicaux, empêchant les artistes de s’exprimer et restreignant ceux qui souhaitent accéder à leur oeuvres. Il est choquant de constater que 45 % des violations documentées dans le rapport Freemuse proviennent de 19 pays où il n’existe aucune loi criminalisant l’homosexualité. Parmi les formes d’art les plus ciblées figurent le cinéma, la musique et le théâtre, avec 50 % de tous les cas de censure liés au cinéma.
L’égalité, la diversité et l’inclusion figurent parmi les principales priorités de la FIA, tout comme la lutte contre toutes les formes de discrimination à l’emploi, y compris celles fondées sur l’identité et l’orientation sexuelles. La FIA est profondément engagée à garantir l’égalité des chances pour tous les artistes, à renforcer leur droit à un environnement de travail sûr et sans harcèlement et à promouvoir des cadres juridiques progressistes qui protègent le droit fondamental de chaque être humain à s’exprimer par l’art. Dans l’UE, une telle occasion s’est récemment présentée avec la publication de la stratégie LGBTIQ 2020-2025, une communication qui définit les grandes lignes de la manière dont la nouvelle Commission européenne entend construire une Union de tolérance, d’inclusion et d’égalité des chances. Bien qu’ils ne concernent pas spécifiquement le secteur artistique, les objectifs proposés, et les mesures suggérées pour les atteindre, promettent d’intégrer une plus grande égalité dans toutes les politiques, la législation et les programmes de financement de l’UE, en luttant contre la discrimination à l’encontre des personnes LGBTIQ, en construisant des sociétés inclusives et en promouvant une plus grande sécurité pour les familles arc-en-ciel et les personnes homosexuelles. Parmi ces mesures indispensables, des efforts particuliers seront déployés pour renforcer le rôle des organismes de promotion de l’égalité au niveau national, sanctionner les discours et la propagande haineuse contre les LGBTIQ, revoir les lignes directrices de l’UE en matière de libre circulation afin de refléter la diversité des familles et permettre la reconnaissance mutuelle de la parentalité et des partenariats entre personnes du même sexe. La Commission entend également encourager une plus grande coopération entre les États membres en vue de partager les meilleures pratiques et de promouvoir une plus grande convergence de leurs cadres juridiques respectifs.
Dans un premier temps, la FIA travaillera en étroite collaboration avec la CES sur un document de position visant à encourager des réglementations d’emploi inclusives et des politiques antidiscriminatoires plus fortes, et s’inspirera du rapport Freemuse pour mettre en lumière les défis spécifiques auxquels sont également confrontés les artistes LGBTQI dans le secteur des médias et du divertissement lorsqu’ils recherchent des opportunités d’emploi équitables et impartiales. La même culture que la Commission décrit comme un outil puissant pour changer les attitudes et remettre en question les stéréotypes est une culture qui, trop souvent, empêche les artistes LGBTIQ de s’exprimer librement et qui ne peut donc jouer pleinement ce rôle significatif dans la société.