Les fédérations internationales FIA, UNI-MEI et FIM ont rencontré les syndicats des travailleurs du film à Mumbai, du 7 au 9 octobre 2015 pour discuter des questions de santé et sécurité sur les plateaux de Bollywood.
Bien qu’il s’agisse d’une des plus prolifiques du monde, avec en moyenne plus de 1.000 films par an, l’industrie indienne du film a un taux d’accidents très élevé. En effet, les blessures et les décès sont presque des risques professionnels, les techniciens et les cascadeurs faisant partis des plus vulnérables.
Avec plus de 800 chaînes dans le pays, les séries télévisées à succès sont tournées dans des lieux atypiques et dangereux où les artistes et l’équipe de tournage sont soumis à des horaires de travail épuisants. Ces productions sont souvent réalisées pour des clients comme Sony, Fox, Viacom et d’autres multinationales qui cherchent à s’approprier une part du gâteau de ce marché lucratif.
Les incendies, chutes et électrocutions, souvent dus à la négligence ou à l’extrême fatigue, comptent parmi les accidents les plus mortels. Les cascadeurs sont poussés dans leurs derniers retranchements par des producteurs sans scrupules, qui préfèrent voir leurs bénéfices augmenter plutôt que de dépenser davantage pour la sécurité. La plupart de ces accidents pourraient être évités grâce à une formation appropriée, à des équipements de sécurité élémentaires et à une approche systématique de prévention des risques.
Les 22 syndicats formant la Fédération des Employés de Cinéma de l’Inde de l’Est (Federation of West India Cine Employees / FWICE en anglais), qui réunit les acteurs, danseurs, musiciens, réalisateurs, scénaristes et techniciens, sont déterminés à mettre fin à ce phénomène et à appliquer les normes internationales à l’industrie du film de Bollywood. Ne pas changer n’est clairement plus une option.
La première étape pour les syndicats de la fédération a été d’entreprendre l’introduction de provisions de SST dans le Protocole d’Accord actuellement en cours de négociation entre les trois associations principales de producteurs de films et de télévision. L’atelier a évalué les progrès réalisés dans les négociations et discuté de nouvelles stratégies pour renforcer la coopération entre les parties sur les questions de santé et sécurité. Les négociations du Protocole d’Accord se sont avérées particulièrement difficiles avec les producteurs de télévision qui sont radicalement opposés à l’introduction d’un salaire minimum dans l’accord. FIA, UNI-MEI et FIM soutiennent les syndicats du film de Mumbai dans leur combat pour un environnement sûr et juste, exhortant les radiodiffuseurs et les producteurs de télévision à adopter un système de salaire minimum qui est depuis longtemps la norme dans d’autres pays du monde.
FWICE et ses syndicats ont adopté un programme de travail ambitieux, dont des mesures concrètes et des campagnes de sensibilisation à l’intention des employeurs, membres des syndicats et travailleurs en ce qui concerne la mise en place d’une culture de santé et sécurité dans la production cinématographique et télévisée. Une avancée décisive serait la rédaction d’un code de l’industrie, inspiré de normes internationales bien établies, ce à quoi FWICE s’attaquera immédiatement après la fin des négociations en cours. Ce code permettrait, dans un premier temps, de traiter des priorités immédiates, comme par exemple la prévention des incendies, la sécurité électrique, les heures de travail et l’hygiène.
La FIA s’est également réunie séparément avec CINTAA, l’Association des Artistes de Télévision et Cinéma (Cine and Television Artistes’ Association en anglais), avec laquelle elle espère développer une relation constructive dans un futur proche.
Près de 40 représentants de différents syndicats des travailleurs du film de Mumbai ont assisté à l’atelier, lequel fait partie d’un projet de trois ans cofinancé par Union to Union, Suède.